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à droite ; l’autre qui voulait dire : vous prendrez à gauche. Ensuite il daigna ajouter :

— Vous vous embarquerez, et vous vous ferez conduire à Beukslo.

Il continua son chemin.

— C’est donc un voyage sur mer, monsieur, que nous allons entreprendre ? me demanda Beziers.

J’allais lui répondre lorsque le brasseur, revenant sur ses pas, me dit en allemand :

— Est-ce que monsieur compte mener son domestique à Broek ?

— Sans doute ; cette question !… Pourquoi ne m’accompagnerait-il pas ?

— Pour rien.

— Mais enfin ?

— Non… pour rien, me dit le brasseur en nous regardant tous les deux, Beziers et moi, avec un sourire railleur peu ordinaire sur le visage d’un Hollandais et en nous quittant aussitôt.

— Mais dites donc…

— Laisse cet homme, Beziers. Nous verrons bien plus tard si sa remarque avait un sens.

— À la grâce de Dieu ! murmura Beziers. Descendons maintenant, lui dis-je, vers le port, et embarquons-nous pour Beukslo, dont je n’ai pas plus entendu parler dans ma vie que de Broek.

— Monsieur, me disait mon domestique en marchant, j’ai vu les Patagons, les Groënlandais, les Tartares, les Chinois et les Cochinchinois ; mais je n’ai rien vu de si original que le peuple hollandais. Ces gens-là ne pensent qu’à moitié, et ils ne parlent qu’au tiers.

Arrivés au port, nous nous jetâmes dans une barque, et je n’eus besoin que de dire au patron :