Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’ai eu du mal à vous le faire dire. Quoi ! vous voulez qu’après avoir vu Maestricht, Rotterdam, Amsterdam et la Haye, j’aille voir un village ?

— Broek ! Broek ! grommelait en mâchant le tuyau de sa pipe mon imperturbable Hollandais.

— Que trouverai-je de curieux à Broek ?

— Vous trouverez Broek.

— Et puis ?

— Broek.

— Mais…

Mon interlocuteur dormait.

Que faire ? Partir sans avoir vu Broek, me dis-je en songeant à l’importance qu’avait mise à sa question mon diable d’hôtelier, c’est peut-être manquer une occasion de voir une singularité que je ne rencontrerai plus nulle part, même en Angleterre. Allons, partons pour Broek.

J’appelai Beziers, mon domestique, celui qui, depuis dix ans, m’a accompagné partout, dans les mines du Hartz et au sommet du pic Ténériffe ; celui qui, pour unique fruit de ses voyages, a acquis cette belle expérience, réduite par lui en sentence : « On ne mange nulle part aussi bien et à aussi bon marché que chez Richefeu, au Palais-Royal. »

— Voilà, monsieur, me répondit Beziers.

— Nous partons pour Broek, mon cher Beziers.

— Va pour Broek. Où est donc ce pays ?

— Ma foi ! je n’en sais rien, lui répondis-je.

— Partons, monsieur, nous demanderons ensuite.

Quand nous fûmes sur une des places principales d’Amsterdam, devant l’église Saint-Nicolas, je crois, je m’informai auprès d’un brasseur qui passait de quel côté se trouvait Broek.

Il me fit deux gestes : l’un qui signifiait : vous prendrez