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dont la visite est venue me surprendre. Il en est parmi elles qui ne sont pas d’une régularité exemplaire.

— Je ne dirai rien du tout, soyez tranquille.

— Fais un effort sur toi-même, et sois pour elles, je t’en prie, ce que tu étais autrefois quand nous habitions le faubourg du Roule.

— Ah ! oui, votre cuisinière ? Qu’à cela ne tienne, monsieur, je serai cuisinière pour elles pendant tout le temps qu’elles demeureront à Chandeleur. Elles goûteront encore à mes sauces ; je ferai même comprendre à vos autres domestiques comment, par exception, vous voulez que je sois traitée.

— Merci, Suzon. C’est là ce que je désire.

— Je devine pourquoi vous souhaitez qu’il en soit ainsi…,

— Oui, tu devines sans doute.

— Il ne faut pas qu’on soupçonne ce que vous avez l’intention de faire pour moi.

— Non… à quoi bon ?… pourquoi les en instruire ?… Tu n’y tiens pas ?…

— C’est juste, monsieur le commandant, répliqua Suzon, qui y tenait par-dessus toutes choses.

— Cela s’ébruiterait tout de suite. Et Paris… Paris est une portière.

— Eh bien ! ne craignez pas ; on ne se doutera de rien, répéta Suzon, qui avait déjà fait savoir à toutes les personnes arrivées au château, comme on vient, de le voir, qu’elle serait dans un mois la femme du commandant Mauduit, et s’appellerait l’hiver prochain madame Mauduit de la Vallonnière. Elle se disposa à se retirer en disant au commandant :

— Quoique je doive être encore demain et quelques jours encore votre cuisinière, je ne me lèverai demain qu’à onze heures.