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— Attendu ? et par qui ?

— Est-ce que je le sais, moi ?

— Je ne te comprends pas…

— Tant pis.

— Mais non, je ne te comprends pas du tout, répéta le commandant en s’accoudant sur le coussin qui supportait la tête de Suzon…

— C’est bien. N’en parlons plus.

— On parle, au contraire, on s’explique…

_ Que voulez-vous que je vous dise ?

— Tes mains sont bien froides.

Suzon, qui s’était laissé prendre un instant la main par le commandant, vint à jeter par hasard les yeux vers le tambour de la porte, et, dans la demi-obscurité, elle aperçut plusieurs têtes attentives et curieuses. Elle retira brusquement la main qu’elle avait presque abandonnée au commandant.

— Laissez-moi, monsieur.

— Tu es donc encore fâchée ?

— Je ne suis ni fâchée ni bien aise ; mais laissezmoi.

— Fais-moi une petite place près de toi, lui dit le commandant, et je te dirai tout.

Suzon distinguait parfaitement les personnes qui l’espionnaient, et qui n’étaient pas moins que Morieux, Sara et ses deux élèves, Paillette et Tabellion.

— Qu’avez-vous encore à me dire ?

— Que je suis fort, content de ton retour,

— Vraiment ?

— En doutes-tu ?

— Non, mais je veux que vous alliez vous coucher. Vous m’empêchez de respirer…

— Faisons la paix, Suzon, faisons la paix !