Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais oui.

— Ah ! mon ami !

— Tu crois deviner, commandant ?

— Je te devine. Couvre-toi.

— Tu ne devines pas du tout.

— Ainsi, tu n’es pas ?…

— Non…

— Je ne suis que marié.

— Que marié ?

— Ne trouves-tu pas que c’est assez ?

— Alors, je ne devine pas.

— Écoute, commandant.

— Si je t’écoute !

Mistral entra pour la troisième fois au salon. La moustache pommelée du commandant se hérissa. Il se leva, et alla vers la porte pour empêcher son épouvantable Marseillais de s’approcher de la cheminée.

— Qu’y a-t-il encore ?

— Il y a…

— Parleras-tu, bouche du Rhône ?

— Il y a, monsieur, qu’il n’y a plus de bois pour faire le dîner, plus de braise, plus de charbon.

— Qu’est-ce que c’est qu’une pareille plaisanterie ?

— Monsieur sait bien…

— Qu’est-ce que je sais ?

— Que mademoiselle Suzon ne laisse jamais les combustibles à notre disposition.

— Elle aurait aussi emporté les clefs du bûcher ?

— Oui, monsieur.

— C’est trop fort !

— Oui, monsieur, c’est trop fort.

— Qui te demande ton avis ?

— Je croyais…