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— Que t’a-t-elle donné pour cela ?

— Rien, mon colonel… Mais elle m’a fait comprendre que si vous vous mariiez… si vous deveniez un homme d’ordre… si votre maison enfin n’était plus au pillage… je n’aurais plus rien à gagner ici.

— Tu me pilles donc ?… tu l’avoues ?

— Oui, mon colonel.

— Tu ne m’as pas entendu ! Je te demande si tu me pilles ?

— Oui, mon colonel, je vous pille, mais je vous aime.

— Tu ne seras donc jamais qu’un corsaire, un pirate ?… ajouta le colonel en souriant déjà un peu et en secouant moins fort Poliveau, qui n’avait jamais plus ouvertement menti de sa vie, car il n’avait jamais rien volé au colonel.

— Lui aussi me trompe… il l’avoue du moins… Ma maison ouverte au pillage !… Mais c’est à ne pas y tenir !… Ah ! les vieux garçons ! les vieux garçons !… Va-t’en !…

— Monsieur ne peut s’habiller sans moi…

— Ah ! tu crois ça ?… Je me passerai de toi… Donne-moi seulement ma ceinture de velours :

— Oui, mon colonel.

— Va-t’en maintenant, coquin !

— Qui vous la bouclera autour du ventre ?

— Allons, boucle-la.. C’est fait !… Ôte-toi de mes yeux.

— Je vais chercher votre pantalon…

— J’irai moi-même… Va-t’en !

— Savez-vous où sont placés vos pantalons ?

— Non…

— J’irai vous choisir celui qui vous convient, car la matinée est fraîche.

— Va, et fiche ton camp ensuite ; que je ne te revoie plus !

— Et quel gilet mettrez-vous ?