Page:Gozlan - De neuf heures à minuit, 1852.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pée sur le vôtre à l’endroit de nos caractères et de nos principes, tranchons le mot, de notre dévotion : Vous savez que je vais très-loin, malgré ma béquille et mes quatre-vingts ans passés, quand je tiens à savoir quelque chose. Je n’ai pas tout su, mais je tiens la queue de la bête : tirons tous les deux, et nous verrons bien arriver un loup ou un renard, car il y a renard ou loup attaché à cette queue. Qui donc m’a dit que vous exigiez le renvoi de mademoiselle Marguerite ?… C’est votre valet de chambre Louveteau… Qui donc m’a dit encore que vous teniez par-dessus tout à ce que j’allasse régulièrement prendre des crampes d’estomac pendant quatre heures aux sermons de Notre-Dame ? C’est votre gueux de valet de chambre Soliveau… Qui donc enfin m’a assuré que vous communiez une fois par semaine, que vous aviez deux directeurs de conscience.. que vous vous donniez la nuit la discipline ?… Toujours votre croquant de valet de chambre, lequel, pour nous achever de peindre tous les deux, vous a sans doute dit aussi que j’étais dévote comme une béguine. Maintenant, dans quel but ce misérable a-t-il avancé des faits si notoirement faux, comme je l’ai su par des rapports recueillis à mon intention depuis mon retour à Poitiers ? Voilà ce que j’ignore… Quel intérêt avait-il à nous brouiller, à me faire partir de votre maison ? Je cherche, et je ne trouve rien de satisfaisant à me répondre. Quoi qu’il en soit, ce malheureux départ de votre maison a rompu le mariage que je projetais pour vous. Après l’avoir déclaré impossible à la famille dont j’étais la mandataire auprès de vous, je ne puis plus revenir détruire ma première opinion ; j’en suis très-fort désolée, mais telle est l’œuvre de votre valet de chambre Jarnivaux. Vous voilà édifié sur son compte : agissez comme il vous plaira, rouez-le de coups ou envoyez-le se