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Le joli rêve que j’ai fait,
Monseigneur, je vais vous le dire, etc.

Si vous n’êtes devenu fou, ajouta Victoire, vous êtes devenu riche, car vous ne pouvez me promettre ces beaux avantages qu’en m’épousant.

— Ici, Victoire, commence le sacrifice dont je vous parlais.

— Je le suppose, reprit Victoire, en s’accoudant sur sa table à repasser afin de mieux écouter Poliveau, qui poursuivit ainsi :

— Je suis assez bien de ma personne ; c’est vrai…

— Où voulez-vous, en venir ?

— De votre côté, vous êtes adorable, Victoire.

— Passons.

— Vous êtes jeune, je le suis encore…

— Vous mettez ma curiosité furieusement en appétit…

— Eh bien ! Victoire, nous ne pouvons nous convenir…

À ces mots, Victoire bondit, franchit d’un saut la table à repasser, et regardant Poliveau :

— Ainsi, monstre, tout ce que vous m’avez dit, c’était pour m’annoncer une séparation ?

— Pour vous annoncer une couronne.

— Allez donc !

— D’abord, silence aux petites passions, ma chère Victoire ; n’en ayons qu’une la grande. Vous me regrettez, c’est bien ! Vous m’avez donné une larme, c’est mieux ! Maintenant il s’agit de travailler à mon élévation en consentant à la vôtre.

— À quoi me destinez-vous, grand Dieu ?

— À faire votre bonheur et le mien.

— Et comment ?