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pour appeler l’attention du colonel sur une fatale négligence de toilette.

Sourd à cette observation, et Poliveau ne voulait pas autre chose, le colonel dit à son valet de chambre, en posant son chapeau, en mettant ses gants, en cherchant sa canne et son lorgnon :

— Si Praline vient, qu’elle attende.

— Je ne manquerai pas de le lui dire ; mais…

— Mais quoi ?…

— Il y a une petite difficulté…

— Une difficulté quand j’ordonne ! C’est nouveau.

— Vous savez que madame votre tante…

— Encore ma tante ?… Au diable !… Je suis pressé ; au retour, tu me diras ce qu’elle veut, ma tante.

— C’est bien simple, ce qu’elle veut. Elle veut que mademoiselle Praline… Mais vos favoris, mon colonel…

Cette fois, la voix de Poliveau, en ramenant l’attention du colonel sur ses favoris, qui n’avaient subi qu’imparfaitement l’onction du cosmétique, fut si confuse, que le colonel, tout entier à ce qui regardait Praline, ne se préoccupa que d’elle. Se retournant brusquement :

— Ah çà ! est-ce que ma tante se mêle aussi de ?…

— Elle s’en mêle si bien, qu’elle m’a ordonné de ne plus faire monter mademoiselle Praline chez vous que par l’escalier de service, celui par où l’on monte les provisions, le bois, l’eau.

— Je te le défends bien !

— Pourtant, si madame votre tante ?…

— Paix ! Praline montera par le grand escalier.

— Aujourd’hui ?

— Toujours !

— C’est bien, mon colonel.