clamation de son mariage au prône en pleine église ; — son mariage avec Lanisette !
Il était près de minuit, elle allait redescendre de son observatoire aussi tristement que là veille et les jours précédents, lorsque Leveneur dit en retirant de la boîte à vapeur deux dernières lettres qui y était encore restées :
— Il me semble que celle-ci est de notre amoureux… Vois donc, madame Leveneur.
— Tout juste.
— Ah ! ah ! nous allons donc savoir ce qu’on dit sur la page blanche, si on s’enlèvera ou si l’on ne s’enlèvera pas.
— C’est ma vie ou ma mort, se dit Manette.
— Mais, mon ami, dit madame Leveneur à son mari, nous avons oublié, vous et moi, de faire une réflexion bien importante cependant.
— Et quelle est cette réflexion ?
— C’est que, si nous passons au-dessus de la flamme cette page blanche, que voici, nous allons voir paraître aussitôt les caractères tracés avec l’acide.
— Que voulons-nous autre chose ?
— Sans doute. Mais vous ne songez pas que la jeune fille, en conseillant ce moyen à son amant, comptait qu’elle seule ferait l’opération, que nous allons faire, afin qu’elle seule et non son père pût lire les mots mis en relief par la chaleur. Que pensera-t-elle quand, en ouvrant sa lettre, elle verra ces mots que son père aura nécessairement lus avant elle ?
— Elle pensera ce qu’elle voudra.
— Mais mon ami…
— Nous rendrons service à son père, qui sera prévenu d’un enlèvement…
— Je ne dis pas ; mais cette fois ne violons pas ce secret ; nous en savons déjà assez.