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seignements secrets, mais certains ; elle est à la veille de faire banqueroute, quoique les actions soient en hausse. »


— Diable ! s’écria Leveneur, moi qui ai pour dix mille francs d’actions de cette compagnie ! Je vendrai demain… Note cela.

Madame Leveneur prit note, son mari recacheta. Une troisième lettre fut ouverte.


« Madame ;


« Vos infidélités me sont connues maintenant ; votre conduite m’est dévoilée… »


— Assez ! dit Leveneur ; nous avons du malheur ce soir : sur trois lettres, nous en ouvrons toujours deux où il est question d’amour.

— Oh ! mon Dieu ! se dit Manette, qui n’y avait pas encore pensé, si la lettre d’Engelbert est ici, mon père la lira… Non, sans doute ; il n’y trouverait aucun intérêt pour lui.

— Poursuis, dit Leveneur à sa femme ; il se fait tard.


« Ma chère cousine,


« Je vous envoie les cinq mille francs que vous m’avez demandés pour payer vos fermages et vos achats de bestiaux. Ainsi que vous l’avez désiré, cette somme est en billets de la banque de Rouen ; vous en trouverez donc vingt-cinq de deux cents francs enfermés dans cette lettre. Si vous avez besoin des cinq mille francs que je vous dois encore, dites-le-moi, je vous les adresserai immédiatement. »