Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
BALZAC CHEZ LUI.

violence paraît aujourd’hui inexplicable sous un autre régime politique.

Ce journal publiait, pour le plus grand charme de ses lecteurs de la rue Saint-Jacques et de la place du Panthéon, des lithographies qu’il classait sous une légende déjà assez difficile à dire. Le dessin dont Balzac eut à se plaindre, et que nous avons en ce moment devant nous, le représente dans une cellule de Clichy, vêtu en robe de moine et assis à une table sur laquelle on voit deux bouteilles de vin et un long verre à Champagne. De sa main gauche il tient une pipe, — Balzac une pipe ! — qu’il est en train de fumer, et de son bras droit il entoure la taille d’une jeune femme ; jeune, sans doute, mais beaucoup trop laide pour faire absoudre à quelque degré celui à qui le lithographe se permet d’attribuer cette mensongère légèreté. Sous cette abominable débauche d’un crayon stupide, on lit quatre lignes, impossibles à faire passer entièrement du langage des lieux équivoques dans celui que veulent entendre les honnêtes gens. Après les avoir lavées trois fois à la chaux, nous ne donnons ici au lecteur que ce que la soude et le chlore ont désinfecté. Voici ces quatre lignes, réduites à deux par la chimie : « Le révérend père dom Séraphitus mysticus Goriot, de l’ordre régulier des frères de