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BALZAC CHEZ LUI.

profonde, presque diabolique, de la misère chronique de la profession ; une habileté rare, sans égale, à traiter avec les aristocrates de la librairie ; un indomptable désir de limiter leurs déprédations par des lois qu’il avait méditées sur le mont Sinaï d’une longue expérience personnelle ; et, avant toutes choses, une admirable conviction de la dignité de l’homme de lettres.

Sa parole était écoutée, si elle n’était pas toujours obéie.

Balzac s’exprimait avec une grande chaleur et une intarissable prodigalité d’idées dans les assemblées générales, dans le comité, et particulièrement au sein des commissions. C’était souvent de la fumée, mais le foyer était large, le feu ardent ; s’il n’est rien resté de ce torrent de belles paroles qui coulait de ses grosses lèvres enflées d’éloquence, les archives de la Société ont été du moins assez heureuses pour conserver quelques-uns de ses projets gigantesques, babyloniens, projets étonnants par leur vaste ensemble et par la ténuité des détails.

Nous donnerons plus loin un morceau considérable, tout écrit de sa main, intitulé le Code littéraire. À notre avis, ce travail, complétement inconnu, comme tant d’autres élaborés par Balzac, est un chef-d’œuvre de