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BALZAC CHEZ LUI.

pour plus de quatre cent mille francs de tableaux et d’objets d’art ? — Et l’œil en feu, les cheveux en désordre, les lèvres émues, les narines palpitantes, les jambes écarquillées, le bras tendu comme un montreur de phénomènes un jour de foire en plein soleil et en pleine place publique, il continua ainsi : Admirez, admirez ce portrait de femme de Palma le Vieux, peint par Palma lui-même, le grand Palma, le Palma des Palma, car il y a eu autant de Palma en Italie que de Miéris en Hollande. C’est la perle de l’œuvre de ce grand peintre, perle lui-même parmi les artistes de sa belle époque. Altesse, saluez ! — Je saluai.

« — Voici maintenant le portrait de madame Greuze peint par l’inimitable Greuze. C’est la première esquisse de tous les portraits de madame Greuze ; le premier trait ! celui que l’artiste ne retrouve plus. Diderot a écrit sur cette esquisse suave vingt pages délicates, sublimes, divines, dans son Salon. Lisez son Salon ; voyez l’article Greuze, lisez cet admirable morceau !

« — Ceci est le portrait d’un chevalier de Malte ; il m’a coûté plus d’argent, de temps et de diplomatie qu’il ne m’en eût fallu pour conquérir un royaume d’Italie. Un ordre du pape a pu seul lui ouvrir la