Louis Desnoyers, puis Eugène Guinot, puis Alphonse Karr, puis T. Merle, puis Altaroche, puis Balzac, puis moi, hommes de lettres un peu bien étonnés de se trouver ensemble, surtout dans le but fraternel que j’ai suffisamment précisé plus haut. Mais Balzac était vraiment le grand prêtre-né de ces mariages impossibles.
Les politesses d’usage accomplies, on se prit, avec une intimité un peu jeune, sous le bras les uns les autres et l’on suivit Balzac.
Balzac, plein d’aise et d’enchantement, sortit du Jardin des Plantes, descendit le quai aux vins en longeant l’Entrepôt, et, quand il fut entre la rue des Fossés-Saint-Bernard et la rue de Poissy, presque en face du pont de la Tournelle, il nous dit : « Messieurs, c’est ici ! » Quel impossible endroit avait-il donc choisi pour l’accomplissement de notre premier repas de corps ?
Je ne voyais, où nous étions arrêtés, ni ombre de restaurant, ni profil de café, mais quelque chose d’effacé, de bâtard, comme la boutique d’un marchand de vin de la banlieue. Je levai la tête pour découvrir quelque signe indicateur qui m’instruisît mieux que notre impénétrable guide ; je n’aperçus qu’une informe enseigne, perdue à la hauteur du second