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BALZAC CHEZ LUI.

Bertin gouverne : quand ce n’est pas Bertin qui règne et Thiers qui gouverne, c’est Émile de Girardin, en attendant que ce soit Louis Perrée. Qu’est-ce donc que cela, si ce n’est le règne du journalisme ?

« Mais, continua de Balzac, j’ai l’air de vous apprendre, à vous, mon ami, qui avez été, qui êtes et qui serez probablement toujours un peu journaliste, les facultés formidables, inouïes, du journalisme.

— Je vous écoute toujours.

— Je continue donc : Ce fait d’expansion et de violence n’étant nié par personne, d’ailleurs, nous crevant les yeux à tous tant que nous sommes, voici ce que je veux : je veux que nous disposions à notre gré, à notre profit, — entendez-vous bien ? — de cette machine terrible pour placer nous et nos amis à tous les sommets productifs de l’art, de la science, de l’administration, de la politique. Je veux que, lorsque nous désignerons, parmi nous, un bibliothécaire, il soit nommé ; un député, il soit nommé ; un académicien, il soit nommé ; un professeur, il soit nommé.

— Mais…

— Ne m’interrompez pas ! Que faut-il pour cela ? avoir dans chaque journal, quelle que soit son opinion, un membre de notre société, un membre qui nous appuiera, nous défendra, qui fera prévaloir.