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BALZAC CHEZ LUI.

garda tranquillement entre les deux yeux. Il devint doux comme les lions de Martin quand ce fameux dompteur les regardait.

« Alors, puisque c’est vous, reprit le cocher, puisque le mort vous appartenait… vous me devez quarante sous.

— Comment je te dois quarante sous ? je t’avais donné cinq francs pour ta course.

— Je ne dis pas non ; mais le déménagement du monsieur pour le transporter de la voiture dans sa chambre, et les questions qui ne finissaient pas, et tout le reste. La cérémonie a pris plus d’une heure, et j’étais à la course, pas à l’heure.

— Que ne te faisais-tu donner ces quarante sous à l’hôtel ?

— Ah bien oui ! les domestiques des grands hôtels, qui sont tous de grands voleurs, n’ont jamais voulu me les donner. Mais alors, moi, qu’est-ce que j’ai fait ? Je suis allé rue Bellechasse. »

L’éblouissement du cocher nous frappa à notre tour ; et tous les quatre qui écoutions, nous nous écriâmes :

« Rue Bellechasse !

— Oui, chez une comtesse de…, chez une duchesse de…, ma foi ! je ne sais plus son nom.