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BALZAC CHEZ LUI.

une fin plus pleine, plus logique : non que je ne trouve pas le genre de mort choisi par le comte d’un caractère possible, vrai, très-vrai dans son originalité ; mais, encore une fois, — et j’en reviens toujours là, — le comte, pour un si grand désespoir, ignore trop ce qui s’est passé chez lui. Vous voyez donc, dit Balzac, s’interrompant lui-même, que votre histoire n’est pas encore la pêche philosophale que vous prétendiez m’apporter, que vous supposez exister, une histoire toute faite et qu’il n’y a qu’à cueillir et manger.

— Dame ! reprit Vidocq, un peu confus du ton triomphal de Balzac, si ma pêche n’est pas ronde comme vous la désireriez, elle n’est pas bien loin non plus de l’être. Si je vous l’ai débitée et détaillée à ma façon ce n’est pas tout à fait, croyez-le bien, pour vous donner une leçon de littérature. L’idée m’est venue plus modestement que ça ; la chose s’est passée autrement dans mon esprit. Une petite explication, je le vois, n’est pas de trop. Pour me rendre ici, j’ai pris dans la rue Monthabor, où j’avais affaire, une voiture de place. En y montant, qu’ai-je reconnu dans le cocher ?

— Votre cocher du Pont-Neuf ?

— Lui-même, mon cher monsieur de Balzac.

— C’est étrange.