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BALZAC CHEZ LUI.

norine, cette magnifique bague ; regardez ; elle vaut deux mille francs. Mais, valût-elle un million ou un liard, je ne m’en séparerais pas plus que de ma tête. Elle est rivée à ce doigt. C’est la seule chose qui m’ait jamais été rivée, quoi qu’on ait prétendu. Je veux être le galérien de ce souvenir. »

Pendant quelques minutes, Vidocq nous montra, avec l’orgueil de l’ancien homme de la police et une certaine sensibilité sénile qui remue toujours le cœur, le beau diamant enchâssé dans l’anneau d’or passé à son doigt.

« De cette bataille de la vie il ne restait donc plus que le mari, remarqua Balzac ; deux personnages sur trois avaient disparu. Il me semble avoir entendu dire qu’après avoir visité, il y a quelques années, les deux Amériques, le comte de B… s’était fixé en Dalmatie, où il possédait de vastes propriétés qu’il faisait valoir lui-même, quoiqu’il eût déjà une position considérable et qu’il n’eût pas d’enfants.

« C’est exact. Il s’était retiré à Zara, d’où il ne sortait, une ou deux fois par an, que pour aller à Trieste. Pour se distraire bien plus encore que pour augmenter ses revenus (car, ainsi que vous le dites fort bien, il n’avait pas d’héritiers à l’établissement desquels il fût obligé de consacrer son existence), il