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BALZAC CHEZ LUI.

— C’est bien cela ! » s’écria Vidocq enthousiasmé de la plaisanterie pleine de bon sens de Balzac, qui la broda de bien d’autres agréments que nous ne reproduisons pas ici, par la raison que notre mémoire n’a pas gravé assez fidèlement le souvenir de leur forme si vive, si pittoresque dans sa bouche rabelaisienne.

« Mais reprenons, dit Vidocq. Le lendemain, l’événement était raconté à peu près de cette manière, vous disais-je, dans les journaux : « Un noble et riche étranger, le jeune M. de Karls…, l’unique et brillant héritier d’une des plus anciennes familles de la Hongrie, a été frappé d’apoplexie foudroyante dans une voiture de place, cette nuit entre cinq et six heures du matin, en se rendant chez lui rue Saint-Florentin. On ne saurait trop admirer les soins prodigués à ce jeune homme, — bien qu’inutilement, — par l’honnête cocher, dès qu’il s’est aperçu du malheur effroyable dont le hasard de sa profession le rendait témoin. Après avoir vainement frappé à la porte de plusieurs pharmaciens placés sur sa route, il a confié aux gens de l’hôtel somptueux habité par M. de Karls…, rue Saint-Florentin, le cadavre qu’il rapportait. Ce n’est pas tout. Il a été impossible de faire accepter la plus faible indemnité à ce brave cocher, qui s’est retiré en silence et désolé comme d’une ca-