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BALZAC CHEZ LUI.

— En effet, j’aurais dû m’étonner de ne pas les avoir encore vus montrer leur nez, que je voudrais pouvoir leur faire passer derrière la tête. »

Balzac ne laissait jamais se perdre l’occasion de se ruer sur les journaux chaque fois que la circonstance s’y prêtait un peu.

« Et que venaient faire là ces aimables journaux ? Donner sans doute de la publicité à ce qui n’en avait nullement besoin.

— Ah ! que vous avez raison de ne pas les aimer, monsieur de Balzac ! Vous ne sauriez imaginer le tort qu’ils causent à la police en ébruitant d’avance des détails, mille particularités qui vont prévenir les coupables de se tenir sur leurs gardes. Comment voulez-vous qu’une police soit bien faite, soit possible, dans un pays où de telles indiscrétions sont souffertes ? Si, dès qu’un voleur est l’objet des poursuites de la police, vous lui faites savoir, par la voie des journaux, qu’il a été vu à Orléans sous les habits d’un chaudronnier ambulant, que, quelques jours après, il a traversé Tours se dirigeant sur Nantes, où il a l’espoir de s’embarquer, afin de mettre l’Océan entre lui et la France, il est hors de doute que le voleur, sans être bien fin, s’éloignera le plus vite possible des bords enchanteurs de la Loire et ira s’embarquer à Brest, à Bordeaux, ou bien il ne