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BALZAC CHEZ LUI.

voilà déjoués si complètement ? Gagnons toujours le quai. »

« Nous voilà sur le quai des Orfévres ; arrivés à la grille du jardin que vous connaissez, nous coupons derrière la voiture et nous revenons sur nos pas en longeant le parapet même du quai. Après avoir dépassé la tête des chevaux, nous portons nos regards sur le siége pour nous assurer avec douleur que le cocher ne dormait pas. Il dormait !

— Et la chanson que vous aviez entendue ?

— C’était un autre qui la chantait, un ouvrier attardé qui s’était penché quelques instants sur le parapet pour regarder couler l’eau ; puis il était parti, nous l’aperçûmes ; il s’éloignait du côté du pont Saint-Michel, du haut duquel l’écho de la nuit nous apporta encore ce refrain, qui alla peu à peu s’enfoncer dans les profondeurs de la rue de la Harpe :


Toi qui connais les hussards de la garde,
Connais-tu pas le trombone du régiment ?
Quel air aimable quand il vous regarde !
Eh bien, ma chère, il était mon amant.


« — À nous ! dis-je alors à l’agent. Cours prévenir ces dames qu’elles peuvent venir. — J’avais déjà ouvert la portière, — l’agent à peine parti, — pris le mort dans mes bras et je l’avais déposé contre le pa-