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BALZAC CHEZ LUI.

mortel, vous appelez un chirurgien célèbre ; il convient de ne rien lui cacher. J’en suis bien fâché pour ma modestie, mais je suis cet opérateur célèbre ; vous, vous êtes la malade : voulez-vous que je vous sauve ? parlez, que je sache tout. »

« Quelle force de volonté appela à elle la comtesse pour entrer dans cette redoutable confidence !

« — Eh bien, dit-elle, puisqu’il le faut !… M. Karls… arracha hier à ma faiblesse la permission de passer quelques instants chez moi, après le spectacle, après les Italiens. Il s’autorisa à prendre le thé. »

« Ce que le thé, mon cher monsieur de Balzac, a causé à Paris de ces sortes de rendez-vous nocturnes, plus ou moins funestes aux ménages, est vraiment incalculable !

« — Était-ce la première fois, demandai-je à la comtesse Hélène de B…, que M. Karls… allait prendre le thé chez vous en l’absence de votre mari ?

« — La première fois, monsieur.

« — C’est bien.

« — Pourquoi cette question ?

« — Parce que vos gens n’iront pas au delà du simple étonnement quand ils apprendront la mort de M. Karls… Ils ne diront pas entre eux : — Ah ! c’est étrange ! Ce jeune homme qui avait passé plusieurs