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BALZAC CHEZ LUI.

visage dans ses mains crispées, assez ! monsieur, assez ! assez ! »

« Je regardais le préfet pour connaître aussi son opinion ; je ne fus pas encouragé à persister dans la mienne. Cependant, assassiner un mort !… « Assassiné ! murmurait encore la comtesse, horrible ! horrible ! non ! non ! je ne veux pas… pas de coup de poignard ! oh non ! »

« Je me tus ; chacun garda le silence pendant quelques minutes, après le rejet définitif du moyen que j’avais proposé ; ce moyen était bon pourtant dans la conjoncture épineuse où l’on se trouvait. Mais il y a des gens délicats, que voulez-vous ?

« — Puisque ce moyen ne vous convient pas, dis-je à la comtesse, voulez-vous, madame, que le corps de la personne qui est dans votre voiture disparaisse du monde absolument comme si ce corps n’eût jamais existé ?

« — Comment cela ? me demanda la comtesse, ouvrant ses mains pour me laisser voir son visage effaré.

« — Je vous demande s’il vous convient que les choses se passent de telle manière que ce jeune homme, mort subitement, disparaisse non moins subitement