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BALZAC CHEZ LUI.

bien qu’il n’y avait aucun danger à mettre Vidocq dans la confidence.

« — Il y a un moyen, dis-je, de vous débarrasser de ce mort. »

« Toute l’énergie de la comtesse monta dans ses yeux et s’y arrêta.

« — Quel est ce moyen ? me demanda-t-elle.

« — Voulez-vous, madame, que, dans trois ou quatre heures, ce matin, quand il va faire jour, ce cadavre soit trouvé, percé de plusieurs coups de poignard, sur la voie publique ?

« — Assassiné !

« — Oui, madame, assassiné ; trois coups de poignard dans le ventre, un dans le cœur. Ce sera bien exécuté. On le ramasse, on ne trouve sur lui ni sa bourse, ni sa montre, ni ses bagues. Il a été volé. Ce sont des voleurs qui l’ont tué. Grand bruit pendant vingt-quatre heures. Enquête de la justice ; enquête qui ne peut aboutir à rien du tout, puisqu’il n’y a ni vol ni assassinat. Huit jours après, il n’est plus question de l’événement.

« — Assassiné !

« — Mais, puisqu’il est mort, où est le crime, où est le mal de le poignarder ?

« — Assez ! s’écria la comtesse, qui s’était caché le