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BALZAC CHEZ LUI.

de lumière, afin de savoir de quel côté il porterait l’intérêt qu’il ne demandait pas mieux que d’accorder à ce récit d’une catastrophe dont il semblait maintenant entrevoir la fin, fin banale, fin vulgaire, pensait-il : — le retour du mari, l’évasion de l’amant par les toits ou par la cave, la fuite de la femme, venant lui demander de la protéger contre les menaces d’un outrage ou d’un assassinat, si elle remettait les pieds au domicile conjugal. Eh bien ! ce n’était pas cela : le préfet se trompait dans ses conjectures ; elles ne se vérifièrent pas, comme vous allez vous en assurer. Après l’aveu brutal qu’elle venait de laisser échapper, la comtesse n’avait plus qu’à dire hardiment le reste.

« Voici ce qu’elle dit : elle dit que bien que l’amour qu’elle portait à M. de Karls… (c’est le nom du jeune officier) fût aussi grand, de son côté, que de celui de son amant, elle l’avait prié, supplié, quatre jours après le départ du comte, de cesser complétement ses visites, toutes relations, ne voulant pas risquer, pendant les quatre derniers jours destinés à compléter l’absence du mari, de voir arriver celui-ci au milieu d’eux, les surprenant, les épouvantant de sa présence. M. de Karls… avait promis comme tous les amants, et comme tous les amants, il n’avait pas tenu sa promesse.