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BALZAC CHEZ LUI.

huit jours, pour Bordeaux, où l’appelaient des affaires de famille, une forte succession. — Le préfet répondit qu’il avait connaissance de cette succession, au sujet de laquelle il croyait savoir aussi qu’un procès serait suscité par de nombreux héritiers dépossédés. La comtesse fit un signe de tête affirmatif, et, reprenant, elle dit d’une voix creuse et effrayée que, pendant cette absence, elle avait eu quelquefois l’occasion de recevoir chez elle une personne… « un jeune homme, » appuya-t-elle avec effort, dont elle avait fait connaissance à l’ambassade d’Autriche. Elle se blâmait de cette imprudence, parce que le comte, son mari, d’un tempérament jaloux jusqu’à la frénésie dangereuse, déjà d’un âge où un affront conjugal ne se pardonne pas, avait noté les assiduités du jeune officier hongrois. « C’était un officier hongrois, » dit-elle entre parenthèses, et en parlant remarquez ceci, monsieur de Balzac, toujours au passé, particularité bizarre qui dépaysait et troublait l’attention du préfet qui la donnait tout entière au récit d’un événement qui, évidemment, venait d’avoir lieu. Sans qu’elle eût encouragé les assiduités de ce jeune officier, celui-ci avait cru devoir profiter de l’absence du comte pour se présenter chez elle plusieurs fois dans la journée, « et souvent, dit-elle du même ton péni-