Page:Gozlan - Balzac chez lui, 1863.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.
230
BALZAC CHEZ LUI.

cita encore bien d’autres personnages de distinction chez lesquels elle s’était rencontrée avec M. le préfet. Elle affirma sous toutes les formes qu’elle était personnellement et particulièrement connue de lui, et ajoutant qu’elle accourait l’informer d’un événement dont lui seul devait être instruit, et instruit sans retard, d’un événement extraordinaire, inouï, effroyable. Il fallait donc qu’il fût éveillé, qu’il la reçût, qu’il l’écoutât.

« À toutes ces raisons, à toutes ces protestations qui devenaient, vous le voyez, de plus en plus ardentes, le père Caron répondit comme il avait répondu vingt mille fois dans sa vie à vingt mille solliciteurs et solliciteuses qui disaient eux aussi et elles aussi qu’ils avaient dîné et soupé avec le préfet dans les plus illustres maisons de Paris ; il répondit : — qu’il était au désespoir, mais qu’il refusait nettement et décidément de déranger le préfet dans son sommeil. — Voyons, dit la malheureuse femme au comble de l’exaltation, vous avez peur, m’avez-vous dit, de perdre vos droits acquis à l’avancement si vous entrez dans cette chambre. Quelle compensation voulez-vous à cette perte, à ce malheur qui ne se réalisera peut-être pas pour vous, mais enfin quel dédommagement légitime exigez-vous ? Est-ce trois mille francs ? six mille francs ? Voulez-