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BALZAC CHEZ LUI.

partement, de quoi il s’agissait, le motif de cette visite nocturne, extraordinaire sans doute, mais parfaitement justifiée, au lieu de le punir, lui, son huissier, il lui en saurait gré, il le remercierait. Et la belle dame termina cette nouvelle supplication par un second élan vers la chambre du préfet, impétuosité pareillement réprimée comme la première fois par le bras de fer de l’huissier, très-fort surpris cependant, m’a-t-il dit depuis, de la vigueur de cette jeune femme si faible en apparence, et dont le regard noble et impérieux, ajoutait-il, semblait, encore plus que son incroyable énergie physique, l’obliger à fléchir. Il ne fléchit pas de cette fois encore néanmoins ; il se borna à dire, dans son trouble, car il commençait à se troubler devant cette volonté qui ne rompait pas d’une ligne, qu’il lui était demandé une chose impossible, des plus impossibles. Il pria même la dame de se retirer.

« Elle sourit à cette invitation de l’huissier, et elle lui dit, comme si elle n’eût pas entendu sa dernière phrase, que ce qu’elle attendait de lui était très-possible, au contraire ; excessivement possible, parce qu’elle était très-connue de M. le préfet de police ; elle avait dîné avec lui, il n’y avait pas plus de dix jours, chez le général de Rumigny ; elle s’était trouvée avec lui en soirée la semaine d’avant chez M. le comte de Montalivet ; elle