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BALZAC CHEZ LUI.

vice l’arrêta et lui dit que le préfet ne recevait d’abord que certain jour de la semaine sur demande écrite ; que la nuit son cabinet ne s’ouvrait que pour des raisons dont lui seul était juge ; qu’au surplus, fatigué à l’excès et même sérieusement indisposé depuis trois jours, il avait donné l’ordre qu’on n’entrât pas chez lui avant huit heures du matin. — Huit heures du matin ! s’écria alors la dame en tordant ses mains l’une contre l’autre, tandis que son pied frappa le parquet à se briser le talon ; — huit heures du matin ! c’est tout de suite qu’il fallait qu’elle vît le préfet, qu’elle lui parlât ; il s’agissait d’une affaire de la plus grave, de la plus haute importance. Blasé comme le sont tous les huissiers sur ce prétexte trop souvent employé d’affaires de la plus haute importance auquel tout solliciteur a recours pour s’introduire chez un fonctionnaire public, le père Caron, — c’était le nom de l’huissier de garde ce jour-là, — répondit qu’il était désolé de refuser, mais qu’il ne s’exposerait pas à violer la consigne. Sa disgrâce serait assurée après une pareille infraction, tout avancement lui serait interdit. Du même ton rapide et convulsif qu’elle avait eu jusque-là et qu’elle ne parvenait pas seulement à modérer, la dame éplorée dit au père Caron que lorsque le préfet, saurait, une fois introduite dans son ap-