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BALZAC CHEZ LUI.

me voiler les yeux et l’âme au sommet de ce pavillon d’où je promenais ma vue sur tant et tant de déceptions. J’avais le vertige : je me sentis comme à pic sur les dunes du passé. Je me hâtai bien vite de descendre : c’est précisément en descendant que je remarquai ce que j’aurais pu, l’esprit moins agité, fort bien voir en montant, et cela m’eût ménagé, cela m’eût adouci l’amertume du tableau dont je venais d’attrister mes regards. Tout le pavillon des Jardies est meublé. Meublé ! J’y ai donc vu des tables, des armoires, des glaces, des pendules, des rideaux ! J’étouffai.

« Eh bien ! me dit le valet de chambre, que pensez-vous, monsieur, du logement ?

— Les Jardies ! Un logement ! — vous dites ?…

— S’il convient à monsieur de louer ce pavillon ?

— Moi, j’ai parlé de louer !… Ah ! oui, pardon ! quel est le prix ? »

Le valet de chambre n’était pas du tout satisfait de son visiteur si distrait.

« Deux mille francs, me répondit-il, pour le reste de la saison.

— Deux mille francs… c’est un peu cher.

— Mais non, monsieur, mais non ; l’eau est très-bonne ici.