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BALZAC CHEZ LUI.

mangions cette nuit-là des marrons à nous étouffer.

— Ah çà, vous n’avez donc fait toute la nuit que manger des marrons ? interrompit Balzac avec humeur.

— Non, mais non ; attendez. Il n’était encore que minuit et demi ; il restait du chemin à faire pour aller jusqu’au jour.

— Alors, mangeons des marrons, dit Balzac d’un ton résigné ; mais mangeons-en une bonne fois pour toutes. Voulez-vous ? »

Habitué à ces salves d’impatience nées chez Balzac d’un extrême besoin de curiosité, Vidocq ne s’en fâcha pas plus que de toutes celles qui suivirent, et il reprit :

« C’était dans la nuit du 14 décembre 1834 ou 35… Écoutez, il y a déjà neuf ou dix ans de ça… Il me passe tant de faits par la tête…

— Et par les mains ?

— Et par les mains, que ma mémoire bronche parfois ; mais l’événement ne va pas au delà de 36, je vous le garantis.

— Très-bien ; mais que se passa-t-il à minuit et demi à la préfecture de police ?

— Il allait être une heure ; je crois même qu’une heure venait de sonner au quai des Orfèvres, quand