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BALZAC CHEZ LUI.

le dessin de l’anse et la courbure de la tasse, répondit à Balzac : « Si, ça vient seul quelquefois.

— Jamais ! jamais ! jamais !

— Si fait ! monsieur de Balzac, si fait ! »

Le regard de Vidocq frappa, comme le rayon d’une lentille de verre, l’œil ébloui et éblouissant de Balzac. Ces deux soleils s’allumèrent.

Ces mots tombèrent des grosses lèvres de Vidocq :

« Je vous apporte une pêche de Montreuil.

— Vous ?

— Moi.

— Il n’y a que vous au monde, il est vrai, qui pourriez… Mais non, pas même vous. J’ai sur ce point un fanatisme de conviction…

— Je vous apporte un fait.

— Un fait complet ?

— Complet, là ! une histoire.

— Avec ses deux jambes, le cœur et la tête ?

— Oui, avec le cœur, la tête et le reste.

— Ah ! il y a aussi le reste ?

— Oui, des passions et tout ce qui s’ensuit. »

Quelque chose de moqueur, mais non pas précisément de cynique, comme le tour de la conversation entre deux pareils chirurgiens de l’âme entraînerait à le supposer, courut sur les cils à demi croisés de Vi-