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BALZAC CHEZ LUI.

chambre, de porte secrète en porte secrète, guidant mon guide, renversé de surprise devant tant de connaissances locatives.

J’étais arrivé aux combles, là où de Balzac et moi montions souvent pour respirer à pleins poumons la campagne, les bois, l’horizon, la rivière et l’immensité, ascension que nous exécutions d’ordinaire quand Balzac, dans un accès de mauvaise humeur, m’avait dit : « Venez ! allons cracher sur Paris ! »

C’est à cette hauteur qu’une autre déception, non moins poignante, m’attendait.

Les Jardies, que j’avais laissées chauves, dénudées, n’offrant que les pauvres petits arbustes frileux et grelottants plantés par Balzac, sont masquées aujourd’hui par de véritables arbres, taillés en pyramides, ouverts en éventails, tranchant du cèdre ; fiers, élégants, vêtus à la dernière mode. Ici, de beaux tilleuls ; là, des vernis du Japon qui pourraient être reçus dans les plus beaux parcs ; là, des marronniers aussi gentlemen que ceux des Tuileries. Ah ! où êtes-vous donc, allées de bitume et d’asphalte dont j’ai parlé dans le livre, trop bien accueilli, qui a reçu mes premières confidences sur Balzac ? La bêche les a défoncées, le gazon a couvert les endroits où avait coulé l’asphalte, et un art intelligent a soulevé ces