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BALZAC CHEZ LUI.

geaient à même leurs ennemis. On avait beau les secouer, ils ne s’en allaient pas, ils tenaient ferme, ils tenaient bien, si bien et si ferme, que je vis des masques entiers de chien arrachés. Et que d’autres s’en allaient traînant en hurlant une patte dolente ! que d’autres ne bougeaient plus ! Le reste, sans doute, se défendait vaillamment, mais il se défendait. On le voit, la position était changée. La chance aurait fini par fort mal tourner contre les chiens, si leurs maîtres, effrayés du danger, et aussi pour couronner la fête, n’eussent ouvert la grille, et les bras nus, les mains armées de bâtons, n’eussent fait invasion au centre de la mêlée indécise, hésitante, attachée au fil suprême de l’alternative qui va changer la victoire en défaite, la défaite en victoire. Quelle immense joie pour les chiens à la vue de ce renfort ! Ils retrouvèrent leur première énergie. S’ils avaient su le grec, ils n’auraient pas eu besoin de l’employer pour s’écrier : Dieu, rends-nous la lumière et combats contre nous ! La lumière était tout naturellement revenue ; il faisait jour. Les torches n’étaient donc plus utiles pour voir ce qui allait se passer. Quoique pâle et grise, l’aube permettait de distinguer nettement les objets.

La lutte reprit. Les hommes furent superbes ;