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BALZAC CHEZ LUI.

À cet ordre du chef, l’homme désigné lança sa torche dans l’arène et elle alla tomber à une petite distance de l’endroit où les chacals de Montfaucon accomplissaient leur meurtrier festin. Il plut du feu sur tous les Lucullus ; cette ondée incandescente fut seule assez forte pour obtenir le résultat qu’on attendait. Il s’éleva un cri comme celui de plusieurs enfants qu’on égorgerait, et une petite fumée roussâtre perça l’air en tire-bouchon. Il se fit un trou dans la masse mouvante, à l’endroit où était tombée la résine fondue. Au fond de ce trou nous vîmes un squelette : c’était celui du cheval. Il n’y avait plus de cheval.

Dans les cavités, cellules et compartiments de cette charpente, quelques rats trop repus s’étaient logés ; quelques-uns s’étaient endormis, de même que des buveurs fatigués par l’ivresse s’endorment sous la table du cabaret. Ils étaient ivres de cheval.

« Maintenant, faites entrer les chiens !

— Comment, ce n’est pas fini ! » s’écria Balzac, qui n’avait pas perdu une seule des rares et neuves jouissances d’observation causées par le spectacle, à coup sûr exceptionnel, dont nous étions tous encore étourdis, émus, terrifiés.

Les chiens entrèrent dans l’arène et le grand carnage commença. Les premières minutes furent belles