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BALZAC CHEZ LUI.

quel beau titre de chapitre pour un roman : Comment, du soir au matin, tout un quartier de Paris disparut mangé par les rats.

— Chut ! dit le docteur Gentil, la grande dissection commence. »

Le docteur avait raison : les rats de Montfaucon avaient ouvert le cheval, et ils le taillaient, le trouaient, le traversaient, l’émiettaient ; travail de destruction qu’il ne nous fut plus permis, quelques instants après, de distinguer ni de voir, le cheval ayant complétement disparu sous ces hideuses bêtes qui, s’attachant, avec la précision vorace des sangsues, autour de sa forme rebondie, nous offrirent bientôt le spectacle d’un second cheval formé de mille rats, composé de tous ces poils et de toutes ces pattes qui remuaient. Et quel cliquetis ! Nous entendions les craquements des dents ; le bruit des fourchettes montait jusqu’à nous. Parmi ces impitoyables rongeurs quelques-uns me parurent de la grosseur d’un chat. Mais quel chat eût osé se mesurer avec de pareils adversaires ? Il eût été avalé comme une perdrix par un renard ; il eût été englouti au vol. On va voir si nous exagérons.

« Il est temps ! dit M. Brissot-Thivars à l’un des hommes qui, du haut du mur, éclairaient cette scène avec la résine en combustion.