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BALZAC CHEZ LUI.

d’une éponge ; la boue la légèreté de l’eau, l’eau l’épaisseur de la boue ; les monticules dont se hérissait le sol offraient la friabilité du sable ; les maisons des gardes et des employés, l’ébriété chancelante de pierres mal superposées ; les cinq lacs enfermés dans le périmètre de l’établissement, l’aspect désolé de cinq débordements ; et le seul moyen de respirer consistait à retenir son haleine.

Les échelles furent appuyées contre ce mur, et après une ascension assez rigide, nous et nos douze porte-torches nous en couronnâmes la crête.

Nos regards plongèrent alors dans une enceinte encore assez vaste, où étaient conduits les chevaux condamnés à être abattus. Plusieurs ossuaires, çà et là éparpillés, indiquaient cette funèbre destination. Il nous fallut quelques minutes de recueillement pour habituer nos yeux à la perception des particularités, d’ailleurs assez restreintes, du local. Le fond de cette cuve mal pavée était déchiré par les lignes de plusieurs rigoles en pierre de liais aboutissant au bord même de la circonférence du mur, et chacune de ces longues et irrégulières rigoles se terminait par une grille perpendiculaire, placée là, je présume, pour arrêter les corps solides et ne laisser passer que le sang. Ce sang courait ensuite souterrainement vers