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BALZAC CHEZ LUI.

nous sonnions pour les créanciers ; vous n’êtes plus qu’une sonnette riche.

Comme on me fit attendre pour m’ouvrir ! Si longtemps attendre, que je me surpris répétant machinalement la phrase sacramentelle qu’ils disaient aussi autrefois, ceux à qui l’on avait mille raisons pour ne pas ouvrir. Ils sont donc tous morts là-dedans !

C’est que je n’avais pas vu une seconde petite affreuse porte bâtarde ouverte plus bas dans le prolongement du mur. Elle n’existait pas de mon temps, j’allais dire sous Louis XIV. Le jardinier s’était donné une porte ! Il est vrai que la maison du jardinier était devenue une maison de maître. Malheur ! tout le monde s’était donc enrichi aux Jardies ? Jamais Balzac n’eût souffert cette porte bâtarde à côté de la double porte seigneuriale à doubles marteaux par où il entrait. Qu’aurait dit M. de Saint-Simon !

J’entrai toutefois, mais en soupirant, par cette porte plus que bourgeoise ; un valet de chambre, le tablier blanc noué autour des reins, était venu m’ouvrir. « Que demande monsieur ? Monsieur veut-il acheter ou louer la maison occupée autrefois par M. de Balzac ? » La double question m’avait foudroyé. Je n’avais rien préparé. Je venais, voilà tout. Pourtant, j’aurais dû prévoir, la propriété étant vendue ou louée,