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BALZAC CHEZ LUI.

— Non ; mais dans le court espace d’une heure, vous aurez le spectacle, répondit M. Brissot-Thivars, le rare et magnifique spectacle de voir ce cheval, un des plus forts des écuries de lord Egerton, entièrement dévoré par les rats de Montfaucon, car les rats de Montfaucon, ne l’oubliez pas, sont les animaux les plus voraces, les plus féroces que vous aurez jamais connus. Ainsi, je vous ai ménagé la chasse aux flambeaux d’un cheval réduit en une heure à l’état de squelette par les rats. Maintenant, qui m’aime me suive ! »

Personne ne resta en arrière ; les flaques d’eau bourbeuse furent franchies, les dunes de boue attaquées avec rage, les fondrières traversées au vol, et, dans notre ivresse d’aller voir un cheval dévoré par les rats, nous nous livrâmes à toutes sortes d’excès sur la route. S’emparant du bâton noueux de M. Brissot-Thivars, Balzac alla donner de grands coups redoublés à la grossière porte de bois, lamée de fer et semée de clous, qui fermait l’entrée du théâtre des combats d’animaux. À ce bruit, il s’éleva, dans l’arène endormie, insolemment troublée dans son sommeil, un vacarme de voix et de cris à être entendu de Saint-Denis et au delà. Les chiens et vingt espèces de chiens, plus rogues et plus hargneux les uns que les autres, dogues, boule-dogues, mâtins, danois, chiens