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BALZAC CHEZ LUI.

D’un autre côté cependant, beaucoup de légitimistes d’un enthousiasme plus robuste, traitaient hautement de fable inventée par les Tuileries et la grossesse, et l’accouchement, et la déclaration de mariage de la duchesse de Berri. Balzac était de ce nombre. Il n’admettait rien. La trahison de la maison d’Orléans avait tout fait ; la trahison expliquait tout. Cette trahison, qui avait livré la princesse à Nantes, au général Dermoncourt et au commissaire de police Maurice Duval, ne pouvait être bien embarrassée pour imaginer une grossesse, ce qui est toujours très-facile, ni pour inventer un accouchement, ce qui est un peu moins facile, mais possible ; ni très-embarrassée non plus pour forcer une femme brisée de corps et d’esprit à déclarer qu’elle était mariée, afin de lui voler la couronne de son fils, tout en ayant l’air de sauver l’honneur d’une maison et d’une race. — Mais M. de Mesnard, objectait-on à Balzac, soutenant cette impossible thèse au dessert, la tête chaude de quelques verres de vin de Champagne, M. de Mesnard, qui a quitté Blaye aussitôt après la déclaration faite par la duchesse de Berri qu’elle était femme du comte Hector de Luchesi Palli ? — Mensonge ! rouerie ! guet-apens ! trahison ! répliquait Balzac. On aura trompé les yeux, la bonne foi, la loyauté de M. de