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BALZAC CHEZ LUI.

et des mieux préparées à la transformation. La remarque a ici sa raison d’être. Les librairies qui brusquèrent le changement, périrent avant même de sortir du port ; la simple mise en train les coula ; on les vit sombrer sous charge. Et cela s’explique : les manuscrits de roman s’achetaient déjà fort cher, et la révolution de Juillet, dont on n’était séparé que par trois ou quatre années, avait élevé les droits d’escompte à un taux ruineux, ce qui forçait à vendre presque tout au comptant ; en sorte que si les livres, et particulièrement les romans, étaient fort lus, très-recherchés, très-discutés à cette époque, les gains n’étaient pas proportionnés au débit de la vente, quoiqu’ils fussent grands en réalité, très-grands surtout si on les compare aux gains produits de nos jours par la même industrie.

Dirigée par l’expérience de quelques personnes qu’elle avait mises à la tête de sa maison de librairie, madame veuve Béchet appela chez elle, dans des réunions habilement composées, des auteurs connus, des auteurs célèbres, et, au milieu de cette pléiade, des écrivains dont la gloire, sans être parvenue encore au zénith, répandait cependant de belles clartés au-dessus de l’horizon, dont la renommée, sinon arrivée,