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BALZAC CHEZ LUI.

Je répète avec intention que ce jugement précipité sur la comédie de Balzac est d’une sévérité excessive, et je n’en veux pour preuve que l’opinion sur le même ouvrage d’un autre critique dont la douceur et la courtoisie n’étaient pas le défaut ordinaire. M. Rolle, rédacteur chargé alors dans le National du compte-rendu des théâtres, s’exprimait ainsi sur les Ressources de Quinola :


« M. de Balzac avait rencontré le sujet d’un beau drame, malheureusement, soit fantaisie, soit négligence, il a passé plutôt à côté de l’idée qu’il n’y est entré résolûment pour en exploiter toutes les richesses. L’Odéon est le théâtre des représentations tumultueuses ; mais jamais ce terrible champ de bataille n’avait offert un tel assemblage d’exclamations et de cris confus : le parterre, véritable tirailleur, s’embusquait derrière les substantifs et les verbes pour mitrailler la pièce et les acteurs. Cependant tous ces braves blessés ont combattu jusqu’au bout avec un courage digne d’éloges et de pitié ; souvent la comédie se faisait jour par de vives sorties et par des canonnades bourrées d’esprit et d’originalité : on aurait dit qu’elle allait mettre l’ennemi en fuite et rester maîtresse du terrain, toute sanglante et démantelée.

« Mais laissons à d’autres le plaisir inhumain d’agrandir la blessure de Quinola et de danser en ricanant sur ses plaies ; c’est là une joie facile et cruelle que nous ne partagerons pas. Il y a de grandes erreurs et de grandes fautes dans la