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BALZAC CHEZ LUI.

le soir, est arrivé ; c’est le 19 mars 1842 ! — Le théâtre lointain étincelle ; les municipaux à cheval garnissent la place de l’Odéon ; pénétrons dans la salle. Nous y sommes. Promenons nos regards. Ah ! mon Dieu ! que veut dire ? — Elle est vide ! — Comment, vide ! — Presque vide ! — Où êtes-vous donc, Montjoie et Saint-Denis ! chevaliers de Saint-Louis, pairs de Charlemagne, ambassadeurs, ministres, femmes de ministres et femmes d’ambassadeurs ? Bref ! la salle, répétons-nous, était presque vide.

Si l’on cherche la raison de cette désertion en masse de tous les admirateurs de Balzac à pareil jour, c’est qu’ils s’étaient dit longtemps à l’avance : « On se déchire pour acheter les places de la première représentation de Quinola. On dit partout qu’il n’y en a plus ; on dit même que Balzac a été obligé de refuser une place au duc de Nemours (le bruit en avait réellement couru). À quoi bon songer à prendre un billet ? Résignons-nous ; attendons ; nous irons aux représentations suivantes. » Calcul juste et erroné : Balzac avait dit, il est vrai, qu’il n’y avait plus de places, mais il y en avait toujours eu ; il y en avait plus que jamais, surtout le jour de la première de Quinola.

Mais le rideau est levé, la pièce commence.

Bien fait, intéressant, coloré, rapide surtout, le