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BALZAC CHEZ LUI.

tous les pauvres manuscrits qui ont fait la rude campagne des répétitions,

— Ceci est le manuscrit de Quinola, dit le spirituel directeur à Dupont : nous allons, si vous le voulez bien, marquer ensemble par des signes au crayon les bons endroits ; tâchons qu’il y en ait beaucoup, tâchons qu’ils soient tous bons. »

Ainsi qu’un général qui, la veille d’un combat, déploie et étudie sous sa tente le plan de la bataille qu’il va livrer, Lireux étala le manuscrit de Quinola, et il invita Dupont à noter avec lui ici les endroits dangereux, ceux sur lesquels il était peu prudent de permettre à l’admiration d’appuyer, et ceux d’où la victoire devait s’élancer, ailes déployées, une recette de cinq mille francs dans chaque main.

Après s’être incliné un instant sur le manuscrit de Quinola, le chef de claque de l’Odéon le prit brusquement, le roula, le mit avec autorité sous son bras, et sortit d’un pas majestueux du cabinet du directeur en laissant tomber derrière lui ces mots qui sont demeurés à jamais célèbres dans les traditions théâtrales, et que les échos de l’Odéon ont retenus sous leurs voûtes couvertes de toiles d’araignées : « Je ferai ce travail-là chez moi. »

Le jour de cette première représentation, ou plutôt