— Elle en vient. Il a presque fallu une loi d’extradition pour la faire venir en France. Ses admirateurs suisses s’étaient ligués pour l’empêcher de franchir la frontière. Jugez quel talent ! »
Balzac me clignait, de temps en temps, de l’œil, comme pour me dire : « Il me met dedans. » Lireux me clignait aussi de l’œil pour me dire : « Le mettrai-je dedans ? » Ni l’un ni l’autre n’étaient dupes de cette comédie avant la comédie. C’était un Génois et un Corse qui tenaient les cartes.
« D’ailleurs, reprit Lireux, je couvrirai votre actrice des plus riches étoffes que je trouverai dans les vieux fonds de magasin. Jamais actrice n’aura été damassée et capitonnée comme elle. »
Le dialogue roula encore longtemps sur ce fonds de plaisanteries inséparables des raisonnements les plus sérieux chez le jeune directeur de l’Odéon ; mais, je l’ai dit plus haut, Balzac accepta madame Héléna Gaussin pour jouer le rôle de Faustina Brancadori dans les Ressources de Quinola.
« Maintenant, continua M. Lireux, maintenant que nous voilà tombés d’accord sur le choix des acteurs, arrêtons le jour des répétitions. Commençons-nous demain ?
— Demain, soit, répondit Balzac.