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BALZAC CHEZ LUI.

— Mais sans doute, et dès demain ; ce soir, si je le pouvais.

— Avant même que le cinquième acte ne soit écrit ?

— Que vous êtes modeste !

— Comment l’entendez-vous ?

— Est-ce que votre génie ne me répond pas de cet acte et de son mérite ? Parlons plutôt des acteurs que je veux vous offrir.

— Offrez, monsieur Lireux, offrez. »

C’était l’endroit difficile : le Mont-Blanc à traverser !

« Je ne vous dirai pas que ce sont des aigles. — Non ! mais nous rachetons par la beauté et la suavité de l’ensemble l’insuffisance des détails. D’ailleurs, s’il n’y a pas de mauvais rôle pour un bon acteur, il n’y a pas non plus de mauvais acteurs pour de beaux rôles, et tous vos rôles sont beaux, monsieur de Balzac. »

Après ces éloges paradoxaux donnés à sa troupe, M. Lireux fit accepter à Balzac les artistes qu’il croyait les plus capables de jouer dans sa comédie, dont il était le très-sincère admirateur. Ils se trouvèrent bien un peu divisés sur la distribution du rôle de Faustina, que Balzac eût désiré voir tenu par madame Dorval, mais enfin mademoiselle Héléna Gaussin fut