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BALZAC CHEZ LUI.

— Toujours.

— Quand il remet un manuscrit à ses imprimeurs, est-ce qu’il ne leur en donne que la moitié ?

— S’il leur en donnait la moitié ! Il leur donne moins que rien bien souvent, puisque bien souvent il ne reste pas une seule ligne de sa rédaction première.

— Il est donc fou ?… Voyons !

— C’est une autre question que vous posez là.

— Qu’allons-nous devenir sans ce cinquième acte ?… Le fera-t-il ?

— C’est probable.

— Mais quand ?

— Ce soir peut-être ; dans dix ans peut-être aussi ; et jamais aussi, dans le cas où un autre sujet lui plairait davantage à traiter, »

Mais Balzac, tout en roulant son manuscrit, tout en le nouant avec une petite corde qu’il avait cherchée dans chacune de ses poches, puis sous la table, et qu’il avait fini par trouver dans le fond de son chapeau, avait réuni ses souvenirs épars dans tous les coins de son cerveau et commençait le récit de son cinquième acte.

Ce cinquième acte était fort court, quoiqu’il ne le fût pas autant qu’il l’est devenu plus tard en passant au théâtre : toutefois, il ne se composait guère que de