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BALZAC CHEZ LUI.

cident vint tout à coup arrêter le mouvement déjà si lent de la commission ; incident bizarre à noter dans la marche carnavalesque des événements humains. Le rédacteur chargé de faire le canevas de ce projet ayant été nommé secrétaire particulier d’un ministre, premier échelon d’une fortune qui n’a cessé de s’élever depuis, ne voulut plus ni continuer son travail préparatoire, ni même le rendre tel qu’il pouvait être au comité. Celui-ci se vit un instant dans un étrange embarras, par suite de la circonspection, bien naturelle au fond, où se trouva emprisonné un écrivain qui, d’abord, purement officieux, devenait tout à coup un personnage officiel. Il fallut presque employer la violence pour rentrer dans la prose de l’honorable membre de la commission du manifeste. Enfin, le canevas de ce manifeste fut déposé sur le bureau. Vite, on l’imprima à trente ou quarante exemplaires sur épreuves, et ces épreuves, — quelques-unes en notre possession, — durent être, d’une part, discutées, développées par la commission, de l’autre annotées par les membres du comité, auxquels on les fit passer, avec prière de les couvrir en marge de leurs observations.

Il commence ainsi :

« La France est guerrière et lettrée. C’est là son