Page:Gournay - Les advis ou Les présens de la demoiselle de Gournay (1641).pdf/922

Cette page n’a pas encore été corrigée
904
LES ADVIS.

A
(
904
LES ADVIS.
Aux fins de l’Orient & des noirs Garamantes.
Vn Pays fe recule outre l’extremité
De ce cours fpatieux aux Altres limité,
Hors les cercles de l’an que le Soleil mefuré :
C’eft oùle grand Atlas courbant l’efchine dure,
Soutient le faix des Cieux dont les Flambeaux épars
Luifent aux Nations brillans de toutes parts.
com
AUTH
Or cette Region, les Regnes Meotides,
Ceux dont la Mer Cafpie en fle les bords humides,
Et le Nil orgueilleux roulant à fept ruiffeaux
Quidegorgent en Mer les fept Mers de fes eaux ;
Tremblent en l’attendant, frappez des voix celeftes
Qui predifent par tout fa Grandeur & fes geftes.
Iamais, iamais Alcide immortel au trépas,
En tant de Regions n’a point marqué fes pas :
Bien qu’il ait mis la paix aux forefts d’Erymanthe,
Troublé Lerne d’effroy parfa flefche volante,
Et percé de fon trai la Biche aux pieds d’airain :
Si loin n’alla ce Dieu qui mit au Lynce vn frein,
Guidant fon char vainqueur parmy l’Inde foubmife,
Apres les Tygres fiers des montaignes de Nife.
1 !
Eh puis nous n’oferons foubs des eſpoirs fi hauts,
Cultiuer la Vertu par les afpres trauaux !
Nous lairrons pour les foins dont la guerre eft remplie
D’affermir nos deffeins au Throfne d’Italic !
Mais quel eft cetuy-là qui paroift plus lontain,
Le cheforné d’oliue & le Liure en la main ?
A voir fes cheueux gris & fa barbe chenuë,
De Numa fage & faincti’ay l’Ombre recognuë.
C’eft cetuy-cy, mon fils, qui le premier des Roys
Fondera la Citéfur le piuot des Loix :
Tiré par le bon-heur qui pour les Tiens confpire
De Cures petit lieu pour Chef d’vn grand Empire.
Tulle qui vient apres les Peuples armera,
Et le fciour oy fifde Romeil chaffera :
R’allumant yn defir au fond de leurs entrailles,


V